Si un chien rencontre un chat – par hasard, ou tout simplement par probabilité, parce qu’il y a tant de chiens et de chats sur un même territoire qu’ils ne peuvent pas, à la fin, ne pas se croiser ; si deux hommes, deux espèces contraires, sans histoire commune, sans langage familier, se trouvent par fatalité face à face – non pas dans la foule ni en pleine lumière, car la foule et la lumière dissimulent les visages et les natures, mais sur un terrain neutre et désert, plat, silencieux, où l’on se voit de loin, où l’on s'entend marcher, un lieu qui interdit l’indifférence, ou le détour, ou la fuite ; lorsqu'ils s’arrêtent l'un en face de l’autre, il n’existe rien d’autre entre eux que de l’hostilité – qui n’est pas un sentiment, mais un acte, un acte d’ennemis, un acte de guerre sans motif.
Une cité plongée dans l’obscurité que seule la neige éclaire accueille proie et prédateur. Qu’attendent ces mains qui embrassent l’action ? À l’instar de l’auteur qui a rassemblé des textes indépendants pour concevoir cette pièce, j’ai dessiné des animaux évocateurs des rôles qu’endossent, tour à tour, les personnages du récit. « Les Pélerins », un quartier de Chamonix-Mont-Blanc où je réside, m’a inspiré l’image centrale : son nom au sens étymologique du terme sied aux personnages, ses barres d’immeubles dominées par la neige. Quand la lumière est l’obscurité.
Eaux-fortes réalisées sur tissages de papier de Ilann Vogt. Ces tissages sont conçus du texte intégral de « Dans la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltès, publié aux éditions de Minuit.
Bernard-Marie Koltès
Dans la solitude des champs de coton
Dans la solitude des champs de coton
Une cité plongée dans l’obscurité que seule la neige éclaire accueille proie et prédateur. Qu’attendent ces mains qui embrassent l’action ? À l’instar de l’auteur qui a rassemblé des textes indépendants pour concevoir cette pièce, j’ai dessiné des animaux évocateurs des rôles qu’endossent, tour à tour, les personnages du récit. « Les Pélerins », un quartier de Chamonix-Mont-Blanc où je réside, m’a inspiré l’image centrale : son nom au sens étymologique du terme sied aux personnages, ses barres d’immeubles dominées par la neige. Quand la lumière est l’obscurité.
Eaux-fortes réalisées sur tissages de papier de Ilann Vogt. Ces tissages sont conçus du texte intégral de « Dans la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltès, publié aux éditions de Minuit.
Dans la solitude des champs de coton
Eaux-fortes sur tissages de papier de Ilann Vogt.Gaëlle Callac & Ilann Vogt
Dans la solitude des champs de coton, 2022
© ADAGP, Paris, 2022