Caresser est plus merveilleux que se souvenir.
En imprimerie, la marge est la zone vierge qui entoure un texte. Dans un livre, la marge varie selon moult critères : format, genre, mise en page, spécificité, collection, etc. Peu de lecteurs se soucient de la marge. Invisible elle est pourtant essentielle. N’est-il pas impensable d’imaginer lire un livre sans marge, avec le texte au bord de la coupe ? De larges marges sont un luxe. Elles caractérisent notamment les grands papiers. De toute évidence, elles augmentent le coût de fabrication d’un livre mais l’élégance impériale qu’elles confèrent à l’ouvrage est sans égale. Elles déploient une paix intérieure, imposent une lecture sereine, fluide, invitent le lecteur à se concentrer sur le mot tant dans son sens que dans sa matérialité.
Tel un passepartout mettant en valeur une image, elles illuminent ce qu’elles protègent.
Les marges extérieures et intérieures (grand fond et petit fond) et celles de haut et de bas de page (blanc de tête et blanc de pied) sont souvent d’égales dimensions. Aplanir de son pouce le livre dans sa pliure afin de pouvoir lire les mots qui se noient dans la gouttière ne demeure-t-il pas pourtant un geste désagréable ? Ne faudrait-il pas ajouter systématiquement quelques millimètres de plus aux marges intérieures ?
Dans certains romans, le contenu et la marge sont séparés d’une bordure décorative. Ce mur symbolique rétablit l’équilibre entre l’importance d’un texte et celle de sa marge.
Un livre de poche dispose d’étroites marges pour des raisons logiques de coût de fabrication et de praticité. Dans d’autres romans encore, plus rares, la marge accueille des mots.
La marge permet au doigt de tourner une page sans en masquer le contenu, à l’œil de se concentrer sur ce qu’il doit lire. Elle est donc utile.
Tel un nuage blanc, la marge dissipe la lecture, invite à la rêverie. Certains lecteurs s’emparent d’elle pour y noter alors leurs impressions. Leurs mots côtoient, touchent, se juxtaposent à ceux de l’auteur.
Quand la littérature relie, la marge s’estompe.
André Pieyre de Mandiargues
La marge
La marge
En imprimerie, la marge est la zone vierge qui entoure un texte. Dans un livre, la marge varie selon moult critères : format, genre, mise en page, spécificité, collection, etc. Peu de lecteurs se soucient de la marge. Invisible elle est pourtant essentielle. N’est-il pas impensable d’imaginer lire un livre sans marge, avec le texte au bord de la coupe ? De larges marges sont un luxe. Elles caractérisent notamment les grands papiers. De toute évidence, elles augmentent le coût de fabrication d’un livre mais l’élégance impériale qu’elles confèrent à l’ouvrage est sans égale. Elles déploient une paix intérieure, imposent une lecture sereine, fluide, invitent le lecteur à se concentrer sur le mot tant dans son sens que dans sa matérialité.
Tel un passepartout mettant en valeur une image, elles illuminent ce qu’elles protègent.
Les marges extérieures et intérieures (grand fond et petit fond) et celles de haut et de bas de page (blanc de tête et blanc de pied) sont souvent d’égales dimensions. Aplanir de son pouce le livre dans sa pliure afin de pouvoir lire les mots qui se noient dans la gouttière ne demeure-t-il pas pourtant un geste désagréable ? Ne faudrait-il pas ajouter systématiquement quelques millimètres de plus aux marges intérieures ?
Dans certains romans, le contenu et la marge sont séparés d’une bordure décorative. Ce mur symbolique rétablit l’équilibre entre l’importance d’un texte et celle de sa marge.
Un livre de poche dispose d’étroites marges pour des raisons logiques de coût de fabrication et de praticité. Dans d’autres romans encore, plus rares, la marge accueille des mots.
La marge permet au doigt de tourner une page sans en masquer le contenu, à l’œil de se concentrer sur ce qu’il doit lire. Elle est donc utile.
Tel un nuage blanc, la marge dissipe la lecture, invite à la rêverie. Certains lecteurs s’emparent d’elle pour y noter alors leurs impressions. Leurs mots côtoient, touchent, se juxtaposent à ceux de l’auteur.
Quand la littérature relie, la marge s’estompe.
La marge
André Pieyre de Mandiargues
Prix Goncourt 1967
Éditions Gallimard - Collection Soleil
Livre d'artiste n°1/1 - 2017
Avec la courtoisie des Éditions Gallimard
Avec la courtoisie de la succession André Pieyre de Mandiargues
Photographies : © Nadège Murez
Gaëlle Callac
La marge, 2017
© ADAGP, Paris, 2021