Lorsqu’une œuvre est très belle, elle perd son auteur. Elle n’est plus sa propriété. Elle convient à tous. Elle dévore son père.
Paul Valéry
Cahiers  1894-1914


Se souvenir d’une pièce austère où gît un sofa vert. Son cuir gaufré d’arabesques est si rude que l’on peine à s’y asseoir. De fines lignes droites d’un jaune fané structurent un grand tapis au vert suranné. Sur le plateau d’une commode trône une eau-forte signée. Enfant je lève les yeux pour la contempler, perplexe quant à sa beauté. N’est-elle pas posée ici pour être admirée ? Vestige d’un passé dont il reste peu de témoins, en l’estampillant, je célèbre et romps à la fois notre lien. De ma plus belle écriture, je m’affranchis ainsi du poids d’une image reçue en héritage.

Des glaneuses

Aquarelle et crayon sur une eau-forte de Victor-Louis Focillon,
d’après Des glaneuses de Jean-François Millet.
51 x 66 cm


© Gaëlle Callac
Des glaneuses, 2025
© ADAGP, Paris, 2025
© 2025 Gaëlle Callac